Nous croyons au destin bon ou mauvais, qui est ce qu’Allah le Très-Haut a décrété pour l’ensemble des créatures et ce, suivant Sa pré-science et comme conséquence de Sa sagesse.
Le destin est constitué de quatre niveaux :
¨ la science (al-’Ilm) : nous croyons qu’Allah le Très-Haut est omniscient (qui sait tout). Il sait ce qui était et ce qui sera, et comment ce sera, pour toujours et à jamais, par Sa science éternelle. Il ne se peut pas qu’Allah apprenne un savoir nouveau après avoir été ignorant, ou qu’Il puisse oublier après avoir eu science de quelque chose.
¨ la prescription (al-Kitâba) : nous croyons aussi qu’Allah le Très-Haut a prescrit dans les tablettes protégées (al-Lûh al-Mahfûdh) ce qu’il adviendra jusqu’au Jour de la Résurrection :
] أَلَمْ تَعْلَمْ أَنَّ اللَّهَ يَعْلَمُ مَا فِي السَّمَآءِ وَالأَرْضِ إِنَّ ذَلِكَ فِي كِتَابٍ إِنَّ ذَلِكَ عَلَى اللَّهِ يَسِيرٌ [
« Ne sais-tu pas qu’Allah sait tout ce qu’il y a dans le ciel et la terre. Ceci est dans un livre ; cela est certes bien facile pour Allah. »[1]
¨ la volonté (al-Mashî’a) : nous croyons qu’Allah — exalté soit-Il, a voulu tout ce qui est dans les cieux et sur la terre ; nulle chose ne peut exister sans Sa volonté. Ce qu’Allah veut se réalise et ce qu’Il ne veut pas ne se réalise pas.
¨ la création (al-Khalq) : nous croyons qu’Allah le Très-Haut est :
]اللَّهُ خَالِقُ كُـلِّ شَيْءٍ وَهُوَ عَلَىَ كُلِّ شَيْءٍ وَكِيلٌ _ لَّهُ مَقَالِيدُ السَّمَاوَاتِ
وَالأَرْضِ وَالَّذِينَ كَفَرُواْ بِـآيَاتِ اللَّهِ أُوْلَـَئِكَ هُمُ الْخَاسِرُونَ [
« Créateur de toute chose et Il est le Garant sur toute chose* Il détient les clefs des cieux et de la terre, et ceux qui ont mécru aux versets d’Allah, ceux-là sont les perdants. »[2]
Ces quatre niveaux englobent tout ce que réalise Allah Lui-même, et tout ce que réalisent Ses serviteurs comme paroles, actes ou délaissements ; ces actions sont connues d’Allah le Très-Haut, déjà inscrites auprès de Lui, Il les a voulues et les a créées.
] لِمَن شَآءَ مِنكُمْ أَن يَسْتَقِيمَ _ وَمَا تَشَآءُونَ إِلاَّ أَن يَشَآءَ اللَّهُ رَبُّ الْعَالَمِينَ [
« Pour celui d’entre vous qui veut suivre la droiture * Mais vous ne pouvez vouloir que si Allah veut, [Lui], le Seigneur des mondes. »[3]
] وَلَوْ شَآءَ اللَّهُ مَا اقْتَتَلُواْ وَلَـَكِنَّ اللَّهَ يَفْعَلُ مَا يُرِيدُ[
« ... Si Allah avait voulu , ils ne se seraient pas entretués. Mais Allah fait ce qu’Il veut. »[4]
]وَلَوْ شَآءَ اللَّهُ مَا فَعَلُوهُ فَذَرْهُمْ وَمَا يَفْتَرُونَ [
« ... Si Allah avait voulu, ils ne l’auraient pas fait ; laisse-les donc avec ce qu’ils inventent. »[5]
] وَاللَّهُ خَلَقَكُمْ وَمَا تَعْمَلُونَ [
« Et c’est Allah qui vous a créés, vous et ce que vous faites. »[6]
Mais en même temps, nous croyons qu’Allah le Très-Haut a mis au service de Ses serviteurs, un choix et une force de par lesquels se produisent leurs actes.
Les preuves que le serviteur fait l’acte de son propre choix et par sa force sont :
· La parole du Très-Haut :
] نِسَآؤُكُمْ حَرْثٌ لَّكُمْ فَأْتُواْ حَرْثَكُمْ أَنّىَ شِئْتُمْ [
« Vos épouses sont pour vous un champ de labour ; allez à votre champ comme vous le voulez... »[7] ... et Sa parole :
] وَلَوْ أَرَادُواْ الْخُرُوجَ لأَعَدُّواْ لَهُ عُدَّةً [
« Et s’ils avaient voulu partir, ils auraient fait des préparatifs... »[8]
Allah nous informe donc que le serviteur fait les rapports sexuels de son propre vouloir, de même qu’il se prépare pour le combat dans la voie d’Allah par sa propre volonté.
· adresser l’ordre et l’interdiction au serviteur : s’il ne possédait ni choix ni force, le diriger ainsi supposerait qu’on lui impose des choses qu’il ne pourrait pas mettre en pratique. Et ceci n’est pas conforme à la sagesse d’Allah le Très-Haut, et par Sa miséricorde, et Il est le Véridique, dans Sa parole :
] لاَ يُكَلِّفُ اللَّهُ نَفْساً إِلاَّ وُسْعَهَا[
« Allah n’impose à une âme que selon sa capacité... »[9]
· féliciter le bienfaiteur pour ses actes de bienfaisance, blâmer le fautif pour sa faute et accorder la rétribution adéquate à chacun d’eux.
Si l’acte ne provenait pas de la volonté du serviteur et de son propre choix, accorder des félicitations au bienfaiteur serait une chose inutile, et punir le fautif serait une injustice. Et Allah le Très-Haut est bien au-dessus de commettre des choses inutiles et des injustices.
· qu’Allah le Très-Haut a envoyé des messagers :
] رَّسُلاً مُّبَشّرِينَ وَمُنذِرِينَ لِئَلاَّ يَكُونَ لِلنَّاسِ عَلَى اللَّهِ حُجَّةٌ بَعْدَ الرُّسُلِ [
« Annonciateurs et avertisseurs, afin qu’après la venue des messagers, il n’y ait pour les gens point d’argument devant Allah... »[10]
Si l’acte du serviteur ne se réalisait pas grâce à sa volonté et de son propre choix, il resterait un argument devant Allah [ce qui est contraire au verset sus-cité].
· que toute personne qui fait un acte a le sentiment que le faire ou le délaisser ne lui cause aucune impression de contrainte. Il se met debout, s’asseoit, rentre et sort, voyage et réside, tout ceci avec sa pleine volonté. Il ne sent à aucun moment que quelqu’un l’oblige à faire cela ; au contraire, il fait une nette distinction entre faire une chose de son plein gré et la faire sous la contrainte d’une autre personne. Aussi faut-il signaler que la loi islamique fait une sage distinction entre les deux. Elle ne s’en prend pas à celui qui fait un acte sous contrainte, concernant le droit d’Allah le Très-Haut sur Ses serviteurs [renier l’existence d’Allah sous la contrainte, par exemple]. Et nous voyons que le pécheur ne peut prétexter le destin d’Allah pour le péché qu’il commet, car il accomplit le péché de son propre choix, sans qu’il sache qu’Allah le Très-Haut l’a décrété pour lui, puisque personne ne connaît le destin qu’après le déroulement de ce qu’Il a prescrit.
] وَمَا تَدْرِي نَفْسٌ مَّاذَا تَكْسِبُ غَداً [
« Et aucune âme ne sait ce qu’elle acquerra demain. »[11]
Alors comment la personne argue-t-elle d’une chose au moment où elle la fait, et l’invoque comme excuse [alors qu’elle ne s’est pas encore produite] ? Et Allah détruit encore l’argument de celui qui se réfugie derrière la contrainte du destin par Sa parole :
] سَيَقُولُ الَّذِينَ أَشْرَكُواْ لَوْ شَآءَ اللَّهُ مَآ أَشْرَكْنَا وَلاَ آبَاؤُنَا وَلاَ حَرَّمْنَا
مِن شَيْءٍ كَذَلِكَ كَذَّبَ الَّذِينَ مِن قَبْلِهِم حَتَّىَ ذَاقُواْ بَأْسَنَا قُلْ هَلْ
عِندَكُم مِّنْ عِلْمٍ فَتُخْرِجُوهُ لَنَآ إِن تَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ أَنتُمْ إَلاَّ تَخْرُصُونَ[
« Ceux qui ont associé diront : “ Si Allah avait voulu, nous ne Lui aurions pas donné d’associé, nos ancêtres non plus et nous n’aurions rien déclaré interdit ”. Ainsi leurs prédécesseurs traitaient-ils de menteurs [les messagers] jusqu’à ce qu’ils eurent goûté Notre rigueur. Dis : “ Avez-vous quelque science à nous produire ? ” Vous ne suivez que la conjecture et vous ne faites que mentir. »[12]
Nous disons au pécheur qui se cache derrière le destin : pourquoi n’accomplit-il pas la bonne action en supposant qu’Allah l’a décrétée en sa faveur ? Car il n’y a aucune différence entre ceci et le péché dans l’ignorance de ce qui est prescrit avant l’accomplissement de son acte.
Ainsi, le Prophète (e) informa les Compagnons qu’à chaque personne lui est écrit sa place au paradis, ou bien en enfer. Ils dirent : « Est-ce que nous nous en remettons à ceci et nous délaissons les (bonnes) oeuvres ? » Il répondit : « Non, oeuvrez, car chacun sera mis dans l’aisance pour ce qui lui a été décrété. »[13]